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En Afrique francophone, les élections sont devenues une routine. Les bulletins sont glissés dans les urnes, les campagnes électorales s’enchaînent, les observateurs internationaux défilent… mais la démocratie, elle, reste souvent fragile. En Côte d’Ivoire comme ailleurs, les tensions politiques persistent, la confiance citoyenne s’érode, et les institutions peinent à garantir un jeu démocratique transparent. Ce paradoxe soulève une question centrale : pourquoi, malgré la formalisation démocratique, les avancées politiques et sociales restent-elles incomplètes ?

Depuis les années 1990, le continent africain a connu une vague de démocratisation. Selon l’Afrobarometer 2023, plus de 70 % des Africains se disent favorables à un régime démocratique. Pourtant, cette aspiration reste souvent trahie par les pratiques politiques. En 2023, plus de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne étaient classés comme « non libres » ou « partiellement libres » par Freedom House. Les avancées institutionnelles ne se traduisent pas systématiquement par une gouvernance efficace, encore moins par un développement équitable.

Les pays afro-francophones ont hérité d’un appareil étatique centralisé, conçu par les colonisateurs pour le contrôle, non pour la participation citoyenne. À l’indépendance, les dirigeants issus des luttes de libération ont souvent reproduit ces schémas autoritaires. La présidence à vie, le parti unique et la personnalisation du pouvoir sont devenus la norme dans des pays comme la Guinée (Sékou Touré), le Cameroun (Ahidjo, puis Biya), ou encore la Côte d’Ivoire (Houphouët-Boigny, 1960-1993).

Ce modèle postcolonial, qui privilégie la loyauté à l’État plutôt que la reddition de comptes, a empêché l’émergence d’un véritable contrat social fondé sur la participation démocratique.

La fin de la Guerre froide a coïncidé avec une pression internationale accrue pour la démocratisation. Sous l’effet des conditionnalités d’aide du FMI, de la Banque mondiale et des mobilisations internes, plusieurs pays africains ont organisé des conférences nationales souveraines (Bénin, Congo, Togo) et réintroduit le multipartisme.

Le Bénin a été le symbole d’un renouveau démocratique, avec une alternance pacifique dès 1991, qui s’est maintenue pendant plusieurs décennies. Mais à l’approche de nouvelles élections présidentielles, les regards restent tournés vers Cotonou : les conditions d’une compétition équitable, l’ouverture de l’espace politique et le respect des principes démocratiques seront des indicateurs importants du maintien de cet équilibre.

Ailleurs, la transition a été plus incertaine. Des processus électoraux ont été utilisés pour consolider un pouvoir autoritaire sous couverture démocratique. En Côte d’Ivoire, la période post-1990 a été marquée par une série de conflits politiques (2002, 2010) révélant la fragilité des institutions et la politisation des identités.

Le Ghana reste un modèle régional, avec des institutions stables, une justice électorale fonctionnelle, et des alternances réussies depuis 1992. Le Sénégal, malgré les tensions récentes autour de la réforme du calendrier électoral en 2024, a longtemps incarné une démocratie respectueuse des libertés fondamentales. Le Cap-Vert, plus discret, incarne une démocratie insulaire apaisée et résiliente.

Mais dans d’autres pays, les acquis démocratiques sont constamment remis en cause : prolongation des mandats présidentiels par révision constitutionnelle (Côte d’Ivoire 2020, Togo 2019), répression de l’opposition (Guinée 2020–2021), coups d’État (Mali, Burkina Faso, Niger). En Côte d’Ivoire, malgré un climat plus apaisé depuis 2021, la démocratie reste en tension : la réconciliation est inachevée, l’espace civique est restreint, et la méfiance envers les institutions perdure. Le développement ne se résume pas au PIB. Le PNUD utilise l’Indice de Développement Humain (IDH), qui prend en compte l’éducation, la santé et les revenus. Cette approche met en évidence des écarts profonds entre la croissance économique affichée et la qualité de vie réelle des citoyens.

La Côte d’Ivoire, par exemple, a connu un taux de croissance moyen de 6–7 % entre 2012 et 2019, mais 39 % de la population vivait encore sous le seuil de pauvreté en 2023 (Banque mondiale). Ce paradoxe n’en est pas un : la croissance non inclusive, centrée sur quelques secteurs ou zones urbaines, masque la stagnation de larges pans de la population. Le Botswana, souvent cité en exemple, a su articuler démocratie et développement. Grâce à une gestion rigoureuse de ses ressources naturelles (diamants), à une fiscalité claire, à des institutions indépendantes et à un leadership politique responsable, le pays affiche un IDH de 0,735 en 2022 (PNUD), l’un des plus élevés du continent.

Le lien entre démocratie et développement n’est pas mécanique, mais il est stratégique. Là où les institutions sont stables, inclusives et responsables, la croissance est mieux partagée. À l’inverse, une croissance sans institutions solides est souvent fragile, inégalitaire et réversible. La démocratie est donc un levier de développement quand elle s’incarne dans des pratiques de gouvernance ouvertes, transparentes et orientées vers l’intérêt général.

La Côte d’Ivoire, à l’orée de l’élection présidentielle de 2025, incarne les dilemmes d’une démocratie en quête de consolidation. Le pays a l’opportunité de franchir un cap — non pas en multipliant les discours sur la paix, mais en réconciliant réellement les institutions et les citoyens, en élargissant l’espace du débat politique, et en garantissant des élections crédibles.

Dans l’ensemble des pays afro-francophones, une réflexion stratégique s’impose. La démocratie ne peut plus être pensée uniquement comme une mécanique électorale importée. Il faut construire une démocratie endogène, enracinée dans les réalités sociales, les défis économiques et les aspirations locales. Cela implique de nouveaux leaders — pas simplement jeunes ou neufs — mais responsables, compétents, porteurs d’une éthique publique forte et capables d’articuler gouvernance et résultats.

_Fatim ZAHARA

C’est désormais officiel : Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA et potentiel candidat à la présidentielle d’octobre 2025, a été radié de la liste électorale par une décision de justice rendue ce 22 avril. Une décision définitive, qui suscite à la fois incompréhension, débat juridique et inquiétude démocratique.

Le tribunal de première instance d’Abidjan a estimé que M. Thiam, ayant acquis la nationalité française en 1987, avait perdu sa nationalité ivoirienne. Malgré sa renonciation à la nationalité française en février 2025, la juridiction considère qu’il *n’était pas citoyen ivoirien au moment de son inscription, conformément à l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne.


Un coup d’arrêt lourd de symboles

Pour le PDCI-RDA, cette décision est un véritable séisme politique. Alors que Tidjane Thiam incarnait une volonté de renouvellement, de modernisation et de rassemblement, sa radiation soulève de nombreuses questions sur  »les critères d’inclusion électorale et la stabilité du processus démocratique. »

Loin d’être un simple épisode administratif, cette affaire remet en cause la capacité du système électoral ivoirien à garantir un cadre clair, équitable et inclusif à l’ensemble des acteurs politiques. Le timing, à six mois du scrutin, renforce les interrogations.


Une présidentielle sous tension : qui pourra se présenter ?

Alors que la Côte d’Ivoire s’approche d’un tournant démocratique crucial, la question demeure entière :
Qui reste aujourd’hui sur la liste électorale pour l’échéance d’octobre 2025 ?
Et surtout, dans quelle mesure les conditions actuelles permettent-elles une véritable compétition électorale pluraliste ?

Pour un pays qui aspire à tourner la page des crises électorales et à bâtir une gouvernance stable, la priorité doit être la démocratie inclusive, loin des exclusions et des jeux d’interprétation juridique.


ADN Politics analysera dans son édition de juin 2025 les forces en présence, les nouveaux équilibres et les perspectives d’avenir pour une élection qui doit avant tout servir les intérêts des citoyens ivoiriens.

_Avril 2025

La Côte d’Ivoire, vitrine de la croissance en Afrique de l’Ouest, affiche un développement des infrastructures impressionnants. Routes flambant neuves, ponts majestueux, réseau électrique en expansion, fibre optique en déploiement : les chantiers se multiplient. Pourtant, derrière cette vitrine de modernité, une réalité plus contrastée, voire inquiétante, se dessine.

Des infrastructures à deux vitesses

Le développement des infrastructures ivoiriennes semble obéir à une logique à deux vitesses. D’un côté, les grands centres urbains, Abidjan en tête, bénéficient d’investissements massifs. Des projets phares, tels que le 4ᵉ pont d’Abidjan ou le métro, captent l’essentiel des ressources, laissant les zones rurales en marge.

Cette concentration des investissements accentue les inégalités territoriales. Dans les campagnes, où vie une grande partie de la population, les infrastructures de base sont insuffisantes : routes dégradées, accès limité à l’électricité et à l’eau potable, couverture numérique déficiente. Ce déséquilibre freine le développement économique local et alimente l’exode rural.

Qualité et durabilité en question

Au-delà de la quantité, la qualité et la durabilité des infrastructures posent problème. Certains projets, réalisés dans l’urgence, présentent des malfaçons et nécessitent des réparations coûteuses. L’absence d’entretien régulier accélère la dégradation des infrastructures, écourtant leur durée de vie et augmentant les coûts à long terme.

L’impact environnemental des grands projets est également préoccupant. Une vision à court terme conduit à négliger des enjeux majeurs tels que la déforestation, la pollution et la destruction des écosystèmes.

Une transformation numérique en demi-teinte

Un récent rapport de Bloomfield Intelligence évalue les progrès de la transformation numérique de l’administration publique ivoirienne en 2025. L’analyse révèle un tableau contrasté, oscillant entre avancées encourageantes et défis persistants.

L’un des points saillants du rapport est la stabilité des notes attribuées, tant pour 2025 que pour les perspectives à court et long terme. À l’exception d’une légère amélioration attendue des performances économiques, les indicateurs stagnent. Cette absence de progression significative interroge sur l’efficacité des politiques mises en œuvre et la capacité du pays à accélérer sa transition numérique.

Gouvernance : des efforts insuffisants ?

La gouvernance, pilier essentiel de toute transformation, obtient une note de 6,5, inchangée par rapport aux prévisions. Cette stabilité peut être perçue comme une difficulté à mettre en œuvre des réformes profondes. Des interrogations subsistent sur la transparence, l’efficacité des institutions et la lutte contre la corruption.

Cadre réglementaire : un frein à l’innovation ?

Avec une note de 5,5, le cadre réglementaire et juridique demeure un point faible. Bien que les perspectives soient stables, cela indique que des obstacles juridiques et administratifs persistent, freinant le développement du secteur numérique. Des réformes sont-elles envisagées pour encourager l’innovation et l’investissement ?

Également notée 5,5, la structure du secteur semble manquer de dynamisme. Cette stagnation peut s’expliquer par un manque de concurrence, une concentration excessive du marché ou des difficultés à attirer les investissements. Des mesures sont-elles prévues pour favoriser l’émergence de nouvelles entreprises et stimuler la compétitivité ?

Performances économiques :une lueur d’espoir ?

Seul indicateur en amélioration, la performance économique devrait progresser légèrement, passant de 6,5 à 7. Cette hausse est-elle le résultat d’investissements stratégiques ou d’un effet d’entraînement lié à d’autres secteurs ? Une analyse approfondie des moteurs de cette croissance serait nécessaire.

Note globale : un potentiel inexploité

Avec une note globale de 6,0, en légère hausse à 6,3, la Côte d’Ivoire peine à concrétiser ses ambitions en matière de transformation numérique. Ce bilan en demi-teinte appelle à une remise en question des stratégies actuelles et à une accélération des réformes.

L’évaluation de Bloomfield Intelligence doit être perçue comme une alerte. La Côte d’Ivoire doit intensifier ses efforts pour lever les obstacles à sa transformation numérique. Cela implique des réformes ambitieuses en matière de gouvernance, de réglementation et de structure du secteur, ainsi que des investissements ciblés dans les infrastructures et le développement des compétences.

Défis et perspectives

Pour un développement harmonieux et durable, la Côte d’Ivoire doit relever plusieurs défis majeurs :

  • Rééquilibrer les investissements : Accorder une attention accrue aux zones rurales en développant les infrastructures de base et en favorisant le développement local.
  • Améliorer la qualité et la durabilité : Renforcer les contrôles techniques, assurer un entretien régulier et intégrer les préoccupations environnementales dans la planification des projets.
  • Favoriser la participation citoyenne : Impliquer les populations locales dans la conception et la mise en œuvre des projets afin de mieux répondre à leurs besoins et garantir l’appropriation des infrastructures.
  • Lutter contre la corruption : Assurer la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des fonds alloués aux infrastructures pour éviter détournements et gaspillages.

Le développement des infrastructures est un levier essentiel de la croissance économique et du bien-être social. Cependant, pour que la Côte d’Ivoire devienne un véritable modèle de développement, elle doit impérativement corriger les déséquilibres et les faiblesses de son approche actuelle.

Ndlr : En pièce jointe, le rapport de Bloomfield Intelligence.

_Paul-Axel KOUAME

La question du foncier et de l’immobilier demeure un enjeu majeur en Côte d’Ivoire, où l’urbanisation galopante et la pression foncière exacerbent les tensions entre acteurs publics, prétendants à la propriété et intermédiaires. Entre spéculation débridée, transactions frauduleuses et efforts de régulation gouvernementaux, la situation foncière ivoirienne oscille entre chaos et restructuration.

L’attrait pour les terres urbaines, notamment dans le Grand-Abidjan, a entraîné une multiplication des ventes illicites et des litiges interminables. La crise sociopolitique de 2002 à 2011 n’a pas arrangé les choses. Bien au contraire, elle a aggravé cette situation, conduisant à des cessions de terrains par des détenteurs non autorisés, y compris illégaux. Ces transactions opaques ont jeté le foncier urbain dans une anarchie difficile à maîtriser, marquée par des conflits récurrents sur la propriété des parcelles.

Un cas emblématique illustre cette dérive : en 2000, Abalo acquiert un terrain à Abidjan pour ses deux enfants, Alain et Ines, l’aînée. Après des démarches administratives en 2020, celle-ci découvre que le terrain légué par son défunt père a fait l’objet d’une double attribution. Un acquéreur malintentionné, D.M., a obtenu par un tour de passe-passe incroyable un Arrêté de concession définitive (ACD) sur la même parcelle. Manifestement, il a bénéficié de complicités internes au ministère de la Construction. L’affaire est toujours en instance devant le Conseil d’État, comme de milliers d’autres.

L’ACD : UNE SOLUTION POUR ASSAINIR LE FONCIER URBAIN

Conscient des dérives dans le secteur, qui défraie la chronique depuis près de deux semaines, alimentant plusieurs débats publics, l’État ivoirien a institué l’Arrêté de concession définitive (ACD) en 2013, sous l’instigation du ministre de l’époque, Mamadou Sanogo. Il s’agit d’un titre visant à sécuriser la propriété foncière. Toutefois, ce document est loin d’être la panacée censée mettre un terme aux tensions liées aux transactions foncières, surtout à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké… Les terrains urbains devenant de plus chers au mètre carré, les appétits des multiples intervenants de la chaîne, deviennent voraces. Au nombre des affaires sombres qui illustre les problèmes du foncier, l’inculpation l’année dernière de quatre agents du ministère de la Construction.

Le juge d’instruction du pôle économique et financier les a inculpés pour faux et usage de faux commis dans des documents administratifs, escroquerie portant sur une somme estimée à 100 milliards FCFA et blanchiment de capitaux. « Sur les faits dénoncés, le procureur de la République près le pôle pénal, économique et financier, a instruit la direction de la police économique et financière à l’effet de diligenter une enquête. La procédure résultant de cette enquête a été transmise au parquet qui a requis l’ouverture d’une information judiciaire contre les nommés Bamba Daouda, Diallo Abdoulaye, Kra Kouma et Hubert Kadjo Yomafou (…) A ce jour, l’instruction ouverte pour parvenir à la manifestation de la vérité suit son cours. Les inculpés bénéficient en conséquence de la présomption d’innocence », avait indiqué dans un communiqué le procureur de la République près le pôle pénal, économique et financier. 

C’est que, un an plus tôt, le 28 mars 2023, des membres de la communauté villageoise d’Elokaté ont saisi le parquet d’une plainte pour les faits de faux et usage de faux en écriture publique. Au soutien de leur plainte, ils ont expliqué avoir découvert que la parcelle d’une contenance de 490 hectares 28 Ares et 57 Centiares sise dans le village d’Elokaté, sur laquelle ils détiennent des droits coutumiers, a fait l’objet d’arrêtés de concession définitive (ACD) établis au profit de plusieurs personnes physiques et morales. Selon les plaignants, les mis en cause ont également obtenu la délivrance des attestations domaniales sur leurs parcelles sises à Elokaté avec l’aide de certains agents du ministère de la Construction et de l’urbanisme.

Dans le village voisin d’Elokato, une tension similaire empoisonne les relations entre les populations et les autorités coutumières. Ici aussi, si les accusations pointent des complicités au ministère de la Construction, c’est surtout le rôle trouble de la chefferie et de quelques administrateurs civils qui, aux yeux de certains villageois, la crise foncière dans cette bourgade située à l’Est de la capitale économique ivoirienne.  

Bruno Nabagné Koné impute la grande majorité des litiges portées devant les juridictions à ses prédécesseurs. Pour régler la crise en amont, il invente l’Attestation de droit d’usage (ADU). Il s’agit d’un imprimé jugé infalsifiable, qui remplace les attestations coutumières, souvent sources de litiges.

« Nous insistons sur le fait que la signature de l’ADU demeure une prérogative des parties prenantes aux lotissements. Et dans les parties prenantes aux lotissements, le ministère ne figure pas. Des trois signatures prévues, la seule qui est obligatoire, c’est celle du chef. Les deux autres ne peuvent pas signer sans le chef du village », défend Bruno Koné, ce 20 janvier 2025, à l’occasion d’une conférence de presse. Il reste persuadé que son sésame peut ramener l’accalmie dans le foncier urbain.

Dans cette perspective, son prochain cheval de bataille devrait être la politique de lotissement et de professionnalisation des acteurs du foncier, tout comme les agents immobiliers. Car dans le segment de l’immobilier, sévit aussi ce que certains Ivoiriens qualifient de mafia. La demande logements étant largement supérieure à l’offre, c’est bien souvent que les populations se font gruger par des spéculateurs véreux. Pour limiter la casse, le gouvernement a pris des mesures encadrant la location ainsi que l’activité des agents immobiliers.

Ces initiatives du ministre de la Construction et de l’urbanisme contribueront-elles à mettre un terme à la guerre des trônes dans les villages où le rôle prépondérant du chef dans les transactions foncières, est mis en cause ? Incontournables dans la signature des attestations villageoises, certains chefs coutumiers, se sont laissés entraîner dans la spéculation. Une situation qui a aiguisé les ambitions des ‘’têtes couronnées’’, dans nombre de localités et provoqué des conflits liés à la succession ou à la destitution de chefs jugés indélicats.

En attendant les résultats de ces réformes dans le moyen et long terme, le foncier rural reste lui aussi sous pression. L’exode des populations dû aux crises politiques et l’acquisition massive de terres par des non ayant-droits inquiètent. « Nos villages risquent de disparaître si nous ne préservons pas nos terres », alerte régulièrement Vincent Toh Bi Irié, ancien préfet d’Abidjan.

La gouvernance financière est cruciale pour assurer une gestion efficace et transparente des fonds publics. Dans un contexte de mondialisation, de défis socio-économiques croissants et de demande accrue pour une responsabilité financière, il est impératif de repenser les pratiques actuelles d’utilisation des ressources publiques. Une gestion judicieuse des fonds publics peut non seulement favoriser un développement économique durable, mais aussi renforcer la confiance des citoyens dans les institutions gouvernementales.

Importance de la Gouvernance Financière

La gouvernance financière englobe l’ensemble des processus, règles et pratiques qui régissent la gestion des finances publiques. Une bonne gouvernance financière :

  • Accroît la transparence : Les citoyens doivent savoir comment les fonds publics sont utilisés. La transparence permet d’éviter la corruption et le détournement de fonds.
  • Renforce la responsabilité : Les institutions doivent rendre des comptes sur l’utilisation des ressources publiques. Cela implique un suivi rigoureux et des audits réguliers.
  • Optimise l’efficacité : Une gestion efficace des fonds publics garantit que chaque euro dépensé contribue à des résultats tangibles et à des dépenses productives.

Repenser l’utilisation des fonds publics ?

Il est essentiel d’évaluer les priorités économiques et sociales avant d’allouer des fonds. Cela implique des consultations avec des parties prenantes diverses, y compris les citoyens, pour identifier les besoins pressants de la société. Les fonds publics doivent être dirigés vers des investissements qui stimuleront la croissance économique. Telles que : les infrastructures, l’éducation, la santé et l’innovation technologique.

Les budgets devraient être basés sur des objectifs clairs et mesurables, dont la définition d’indicateurs de performance pour évaluer l’efficacité des dépenses.

Le renforcement de la transparence et de la participation citoyenne : La mise en place de plateformes qui permettent aux citoyens de suivre l’utilisation des fonds publics et de participer au processus budgétaire peut renforcer la confiance et améliorer la gouvernance.

L’utilisation de la technologie : Les solutions numériques, comme le budget participatif en ligne ou les systèmes de gestion financière intégrés, peuvent moderniser la gouvernance financière en rendant les processus plus efficaces et accessibles.

Dispositifs et institutions pour la bonne et saine utilisation des fonds publics

En Côte d’Ivoire, le bon usage des fonds publics, fait l’objet d’une volonté politique manifeste. La création de la Cour des comptes en est une preuve éloquente. Elle est chargée de juger la régularité des comptes publics, contrôler l’usage des fonds publics par les ordonnateurs, les entreprises publiques, la Sécurité sociale, les organismes privés bénéficiant d’une aide de l’État ou faisant appel à la générosité du public, d’informer le Parlement, le Gouvernement et l’opinion publique sur la régularité des comptes. Elle se charge aussi de vérifier les comptes des hommes du gouvernement, des maires, des préfets et surtout du président de la République.

L’on se rappelle qu’en début d’année 2024, la Cour des comptes avait produit un rapport sans complaisance, identifiant, par exemple, quatorze projets financés sur dons, d’un montant total de 34 244 907 000 F, qui n’ont connu aucun début d’exécution. Il est bon de dire que c’est la loi organique n°2015-494 du 7 juillet 2015 qui détermine les attributions, la composition, le fonctionnement et l’organisation de la Cour des comptes. La Cour des comptes a été créée par la constitution du 1er août 2000.

En plus de la Cour des Comptes, l’Etat de Côte d’Ivoire, a institué par l’ordonnance n°2013-660 du 20 septembre 2013 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées, la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HAGB). Elle est une autorité administrative indépendante, dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

Ce principe, appliqué à l’échelle nationale, peut transformer la vision de la croissance en Côte d’Ivoire. La bonne gouvernance est donc essentielle pour bâtir un avenir solide. Une gestion rigoureuse des fonds, accompagnée de systèmes de contrôle internes robustes et d’audits réguliers, renforce la confiance des investisseurs et celle des citoyens. Rendre compte de chaque franc dépensé n’est pas seulement un devoir, mais une manière de garantir que les objectifs fixés sont atteints. Une transparence totale est le socle d’une stabilité sociale et politique durable.

Pourquoi repenser l’utilisation des fonds publics ?

La gestion des fonds publics, c’est un peu comme gérer le budget familial : il faut que chaque franc soit utilisé de manière intelligente pour répondre aux besoins essentiels. Pourtant, on observe parfois un gaspillage dans certains projets mal planifiés ou des infrastructures inutilisées faute d’études préalables. Résultat : des pertes financières qui freinent la croissance et aggravent les inégalités sociales.

Une gouvernance financière efficace, c’est quoi ?

C’est d’abord la transparence. Les citoyens doivent savoir où va leur argent. Publier régulièrement les budgets et les rapports d’exécution est un premier pas. Ensuite, c’est la priorité aux investissements utiles. Par exemple, au lieu de construire un grand stade dans une région peu peuplée, pourquoi ne pas investir dans des dispensaires ou des écoles là où les besoins sont criants ? Enfin, il faut une lutte acharnée contre la corruption, car chaque franc détourné est une opportunité volée au peuple.

Les avantages d’une bonne gestion des fonds publics

Quand l’argent public est bien géré, les résultats sont visibles : des routes qui facilitent les échanges commerciaux, des écoles pour former les leaders de demain, des hôpitaux qui sauvent des vies. Une gouvernance efficace booste aussi la confiance des investisseurs étrangers, attirant davantage de capitaux pour développer le pays.

Et nous, citoyens, que pouvons-nous faire ?

Nous avons un rôle clé à jouer. Suivre les projets, demander des comptes et dénoncer les abus sont des actions citoyennes qui font bouger les choses. La société civile et les médias ont aussi un rôle à jouer pour surveiller la gestion publique et promouvoir une culture de transparence.

En somme, en repensant l’utilisation des fonds publics, les gouvernements peuvent bâtir une économie plus forte et inclusive, où chaque franc dépensé contribue véritablement à améliorer la vie de tous les citoyens ; des écoles mieux équipées, des emplois pour nos jeunes et un développement harmonieux pour toutes les régions.

DOIT-ON REPENSER L’UTILISATION DES FONDS PUBLIC, POUR UNE CROISSANCE EFFICACE ?

“Budget 2025 : Un record historique pour transformer la Côte d’Ivoire? “

La manière dont les fonds publics sont gérés a un impact direct sur le quotidien des citoyens et le développement de nos sociétés. Face aux défis économiques et sociaux, il est temps de réfléchir collectivement à une utilisation plus transparente et efficace des ressources publiques. Dans cette tribune, nous vous invitons à explorer les pistes et les solutions pour repenser la gouvernance financière, afin de garantir que chaque centime investi profite réellement au bien-être des populations et à une croissance durable.

Tout d’abord, où investir pour avoir un réel impact ?

Chaque franc investi doit produire des résultats concrets, tant sur le plan économique que social. Les priorités d’investissement doivent être alignées sur les besoins réels des populations, en s’appuyant sur des secteurs stratégiques comme l’éducation, la santé et l’innovation technologique par exemple. Dans mes activités, j’ai appris à privilégier des choix financiers qui renforcent les compétences humaines et technologiques. Ce même principe peut être appliqué au niveau national pour garantir une prospérité équitable et partagée.

Mais comment faire face à l’incertitude dans un monde en constante évolution ?

La volatilité des marchés mondiaux, les crises géopolitiques et les défis locaux comme les crises sanitaires exigent une capacité d’adaptation rapide. Repenser l’utilisation des fonds, instaurer une culture de responsabilité et d’innovation au sein des institutions publiques et privées. Une gestion agile des ressources, avec des projets régulièrement évalués pour en mesurer l’efficacité, devient essentielle, afin de répondre efficacement aux attentes des citoyens, en particulier dans les zones rurales souvent marginalisées. La Côte d’Ivoire attire de plus en plus d’investissements étrangers, et il est crucial de garantir une gestion rigoureuse de ces fonds pour maximiser leur impact. Les partenariats public-privé, les fonds souverains ou encore des initiatives locales comme le crowdfunding offrent des opportunités intéressantes. Cependant, il faut éviter le gaspillage ou la mauvaise allocation des ressources en renforçant les contrôles et en assurant une transparence totale. En tant que nation, nous devons explorer ces mécanismes innovants tout en garantissant que chaque franc investi contribue à des objectifs clairs et mesurables.

Et si la technologie était la clé pour moderniser nos finances ?

L’intégration de solutions technologiques dans la gestion financière est un levier puissant pour renforcer l’efficacité de nos institutions. Par exemple, des outils comme les plateformes de paiement numérique ou les logiciels de gestion financière peuvent transformer la manière dont les fonds publics sont gérés. Dans mes projets, j’ai constaté comment la digitalisation améliore la transparence et réduit les coûts. À une échelle nationale, l’adoption de technologies financières (FinTech) peut simplifier les processus administratifs tout en rapprochant l’État de ses citoyens.

Enfin, la croissance économique peut-elle être durable sans un impact positif sur la société ?

Chaque projet financé, qu’il soit public ou privé, doit intégrer des critères sociaux et environnementaux. Investir dans des énergies renouvelables ou des projets communautaires dans les zones défavorisées, par exemple, renforce le lien social tout en préparant le pays aux défis futurs. En tant qu’entrepreneur, j’ai appris que la prospérité individuelle doit toujours contribuer au bien-être collectif.

Dans un monde où la culture s’impose comme un moteur économique puissant, l’Afrique et plus particulièrement la Côte d’Ivoire peinent encore à structurer ce secteur pour en faire une source durable de croissance et d’emplois. Pourtant, les industries culturelles et créatives connaissent une expansion fulgurante et génèrent des revenus considérables dans de nombreux pays.

Dans cette dynamique, ADN Politics, fidèle à sa mission d’explorer les politiques de demain, celles qui relèvent les défis de structuration et de développement, s’intéresse à l’essor de l’industrie culturelle et aux opportunités qu’elle représente pour la Côte d’Ivoire.

C’est dans cette perspective que nous avons rencontré Traoré Salif, alias A’salfo, artiste de renom, entrepreneur et acteur engagé dans la promotion de l’économie culturelle. Il nous partage donc sa vision, les défis du secteur et les solutions à envisager pour faire de la culture un pilier stratégique du développement ivoirien.


ADN Politics : Aujourd’hui, les industries culturelles connaissent une croissance notable à l’échelle mondiale. Pourtant, en Côte d’Ivoire, elles peinent encore à s’imposer comme un pilier économique structuré. Pourquoi, selon vous ?

Asalfo : Il est indéniable que la culture est un secteur porteur, qui génère des milliards dans de nombreux pays. En Afrique, et en Côte d’Ivoire particulièrement, nous avons un potentiel énorme en termes de talents et de créativité. Mais malheureusement, ce potentiel n’est pas suffisamment exploité sur le plan économique.

Le problème principal, c’est le manque de structuration et de financements adaptés. Nous avons des artistes talentueux, des entrepreneurs culturels ambitieux, mais sans cadre structuré, sans accompagnement et sans mécanismes financiers solides, il est difficile de bâtir une industrie culturelle véritablement rentable et durable.

Prenons un exemple frappant : avec plus de 26 milliards de dollars collectés dans le monde pour financer l’industrie culturelle, l’Afrique ne capte que 50 millions de dollars. Cet écart montre bien que nous n’avons pas encore su créer un environnement favorable pour attirer ces fonds et développer notre secteur culturel.


ADN Politics : Vous parlez de manque de structuration. Quels sont, selon vous, les principaux freins et comment les surmonter ?

Asalfo : Il y a plusieurs obstacles majeurs à franchir pour que la culture devienne un vrai levier économique en Côte d’Ivoire :

  • Le manque de financements adaptés

Aujourd’hui, les banques et les investisseurs privés sont encore réticents à financer les industries culturelles. Ils ne comprennent pas toujours leurs spécificités et perçoivent le secteur comme trop risqué. L’État doit mettre en place des mécanismes de garantie, permettant aux entrepreneurs culturels d’accéder à des financements adaptés.-

  • L’absence de politiques publiques ambitieuses pour la culture

Il faut inscrire la culture comme un axe stratégique du développement national.

L’État doit encourager la formation des artistes et entrepreneurs culturels, créer des infrastructures adaptées (studios, salles de spectacles, espaces d’expression culturelle), et favoriser les collaborations internationales.

  • Un déficit d’infrastructures culturelles modernes

Beaucoup d’artistes peinent à trouver des espaces professionnels pour produire, créer et diffuser leurs œuvres.

Il est impératif de bâtir un écosystème structuré qui permette aux industries culturelles de prospérer.

« Il est temps de concevoir la culture comme une industrie et non plus comme un simple domaine artistique. Le modèle doit être repensé avec une vision économique et stratégique. »


ADN Politics : Vous plaidez pour un financement plus structuré des industries culturelles. Quels modèles proposez-vous pour y parvenir ?

Asalfo : Il faut développer un partenariat public-privé efficace, qui permettrait d’injecter des fonds et d’accompagner les acteurs culturels.

  • Créer un fonds d’investissement pour la culture, destiné à soutenir les projets culturels innovants.
  • Mettre en place des incitations fiscales pour encourager les entreprises privées à investir dans la culture.
  • Favoriser des collaborations bilatérales et multilatérales, à l’image du Centre National de la Musique en France, qui soutient les artistes, finance la formation et accompagne les industries musicales.
  • Encourager la diplomatie culturelle, afin de mieux exporter nos talents et nos créations à l’international.

ADN Politics : En tant que membre du Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel (CESEC), quelles actions menez-vous pour défendre cette vision ?

Asalfo : Mon engagement au CESEC vise justement à faire entendre la voix du secteur culturel dans les grandes décisions économiques. Nous travaillons à convaincre les pouvoirs publics que les industries culturelles doivent être considérées comme un pilier du développement national.

« La culture ne doit plus être perçue uniquement comme du divertissement. C’est un secteur créateur de richesses, d’emplois et d’opportunités économiques durables. »

Nous plaidons pour des réformes en profondeur, notamment sur le financement, l’accompagnement des entrepreneurs culturels et la mise en place d’une véritable politique d’exportation des productions ivoiriennes.


ADN Politics : Le Plan National de Développement 2026-2030 est en cours d’élaboration. Avez-vous des attentes particulières pour le secteur culturel ?

Asalfo : Absolument ! Ce PND est une opportunité pour intégrer la culture comme un axe majeur du développement économique de la Côte d’Ivoire.

Je souhaite voir des lignes budgétaires spécifiquement dédiées aux infrastructures culturelles, aux financements des entrepreneurs culturels et aux programmes de formation spécialisés.

D’ailleurs, la ministre de la Culture et de la Francophonie, Mme Françoise Remarck, a exposé cette vision au CESEC, et je suis convaincu qu’elle saura défendre des réformes ambitieuses pour notre industrie culturelle.

« Il est grand temps que les politiques publiques considèrent la culture comme un secteur clé. Ce n’est pas qu’une question de passion, c’est une question d’économie, de structuration et de vision à long terme. »


À travers cet échange, Asalfo met en évidence la nécessité d’un changement de paradigme : la culture ne doit plus être cantonnée au domaine artistique, mais considérée comme une véritable industrie économique.

La clé du succès réside dans la structuration, le financement et l’innovation. ADN Politics, dans sa mission d’anticiper et d’explorer les politiques de développement, continuera à suivre et à soutenir cette dynamique pour une intégration réussie de la culture dans l’économie ivoirienne.

La politique doit répondre aux défis du développement et de la structuration de l’économie. Une nouvelle génération d’acteurs émerge avec une approche plus pragmatique et engagée, apportant une vision renouvelée de l’action publique et du rôle des institutions.

C’est dans cet esprit que nous nous sommes entretenus avec la plus jeune députée – maire du paysage politique ivoirien. Dans cet échange, elle partage son parcours, ses défis et ses ambitions pour un avenir plus structuré et inclusif en Côte d’Ivoire.


ADN Politics : Vous êtes devenue la plus jeune députée de Côte d’Ivoire, un exploit remarquable. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivée à vous engager en politique si jeune ?

Mon parcours académique s’est construit dans un processus riche et structurant. Après mon baccalauréat, j’ai poursuivi mes études supérieures au Ghana, où j’ai obtenu un master en management ainsi qu’une certification en anglais. À mon retour en Côte d’Ivoire, j’ai nourri la ferme ambition d’œuvrer dans des actions ayant un impact direct sur la vie des citoyens. Mon engagement politique est né de cette volonté de contribuer au développement de ma communauté et de permettre à la jeunesse d’avoir voix au chapitre. J’ai toujours été convaincue que le changement durable se construit au sein des institutions, et c’est cette conviction qui m’a poussée à entrer en politique.


ADN Politics : Vous évoluez dans un environnement politique souvent dominé par des figures traditionnelles. Quels ont été vos principaux défis et comment les avez-vous surmontés ?

Les défis ont été nombreux. En tant que femme et, qui plus est, très jeune, j’ai dû faire face à plusieurs préjugés. Le scepticisme lié à mon âge, les réticences à voir une femme occuper une telle position, et les doutes sur ma capacité à gérer des responsabilités de cette envergure étaient des obstacles constants.

Mais j’ai toujours cru que la crédibilité se construit par le travail, la constance et les résultats. C’est pourquoi j’ai misé sur le développement humain et le pragmatisme, en démontrant sur le terrain que ma place en politique n’est pas le fruit du hasard, mais d’un engagement réel et d’une vision structurée pour l’avenir.


ADN Politics : Quelle est votre définition du développement et comment l’appliquez-vous à votre localité et à la Côte d’Ivoire en général ?

Pour moi, le développement est avant tout humain. Il s’agit de créer un environnement où chaque individu peut s’épanouir pleinement, en ayant accès à une éducation de qualité, à des soins de santé efficaces et à des opportunités économiques viables.

Dans ma localité, cela signifie investir dans des infrastructures modernes, promouvoir l’entrepreneuriat local et s’assurer que personne ne soit laissé pour compte, en particulier les jeunes et les femmes. À l’échelle nationale, cette vision s’étend à la création de conditions favorables pour que chaque citoyen puisse contribuer au développement du pays à travers un cadre économique structuré, des politiques inclusives et des initiatives qui transforment réellement les conditions de vie.


ADN Politics : Quelles sont vos priorités en tant que députée pour le développement de votre circonscription, en particulier en faveur des jeunes, des femmes et des enfants ?

Ma priorité est d’apporter des solutions concrètes aux besoins essentiels de ma circonscription.

  • Pour les jeunes, je travaille activement à promouvoir l’emploi et l’entrepreneuriat, en facilitant leur accès aux financements et en soutenant les initiatives qui favorisent leur insertion professionnelle.
  • Pour les femmes, il est crucial de renforcer leur autonomisation, en mettant en place des programmes de formation et d’accompagnement adaptés, afin qu’elles puissent développer des activités économiques durables.
  • Pour les enfants, mon action se concentre sur l’éducation de base et l’amélioration des infrastructures scolaires, car je suis convaincue que l’avenir de la Côte d’Ivoire repose sur une jeunesse bien formée et outillée pour réussir.

ADN Politics : Vous siégez à l’Assemblée nationale. Pouvez-vous nous parler des projets ou des lois que vous avez proposés ou soutenus, et en quoi ces initiatives répondent-elles aux défis de vos électeurs ?

Avant de défendre un projet, je m’assure d’avoir une parfaite maîtrise du dossier. Je me documente, j’analyse les données et je prends en compte les différentes perspectives afin de proposer des solutions viables et adaptées.

Le pragmatisme étant la clé d’un engagement efficace, j’ai mis en place plusieurs initiatives locales. Je travaille en collaboration avec des partenaires privés et des organisations internationales pour financer des projets qui répondent aux besoins concrets de ma circonscription. Pour structurer ces actions et garantir leur impact, je fais appel aux services d’un cabinet spécialisé qui m’accompagne dans la mise en œuvre des projets de développement.


ADN Politics : Selon vous, pourquoi est-il essentiel pour les acteurs politiques de collaborer avec des experts ou des cabinets spécialisés pour structurer leurs projets ?

Les experts apportent une expertise technique et une perspective extérieure qui permettent d’anticiper les défis et d’assurer la viabilité des projets sur le long terme.

Travailler avec eux, c’est s’assurer que chaque action menée repose sur une analyse approfondie, une planification rigoureuse et un impact mesurable. Cette approche permet d’éviter les erreurs stratégiques et de garantir que les ressources investies bénéficient réellement aux populations.


ADN Politics : Lever des fonds pour des projets locaux est un défi majeur. Comment vous organisez-vous pour financer vos initiatives, et quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent faire de même ?

Le financement est un enjeu crucial. Pour mobiliser des ressources, il faut savoir tisser des partenariats solides, identifier des opportunités et bâtir des projets crédibles.

Aux femmes qui souhaitent se lancer, je dirais ceci : croyez en vos capacités, osez sortir de votre zone de confort et ne laissez jamais les doutes des autres limiter vos ambitions. La persévérance et le travail acharné sont vos meilleurs alliés. Engagez-vous dans des causes qui vous passionnent, car c’est dans l’action que vous gagnerez en crédibilité et en soutien.


ADN Politics : Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes de Côte d’Ivoire pour qu’ils s’intéressent à une politique différente, une politique qui répond aux défis et construit un avenir à leur service ?

La politique est un outil puissant pour transformer la société. Il est important que les jeunes comprennent qu’ils ont un rôle à jouer dans la construction de leur avenir.

Je les encourage à s’impliquer, à se former, à se renseigner et à prendre part activement aux décisions qui impactent leur quotidien. C’est en s’engageant que l’on peut réellement influencer le cours des choses et bâtir un avenir plus structuré, inclusif et prospère.

1. Transparence et efficacité des finances publiques

La Loi de Finances 2025 introduit l’intégration des Comptes Spéciaux du Trésor dans les programmes budgétaires. Selon vous, cette mesure peut-elle réellement améliorer la transparence et l’efficacité de la gestion des finances publiques ? Quels pourraient être les défis à surmonter pour assurer son succès ?

  • ALI BADINI, DIRECTEUR GÉNÉRAL – CREDIT ACCESS

Je tiens, de prime abord, à remercier la rédaction d’ADN politics d’avoir porter son choix sur ma modeste personne et pour l’opportunité qu’elle m’offre de m’exprimer sur des questions économiques qui touchent directement notre nation. En tant qu’économiste, c’est avec un réel plaisir que je me prête à cet exercice dans l’espoir d’apporter des éclairages utiles et des pistes de réflexion.

Pour revenir à votre question, il conviendrait de préciser que les comptes spéciaux du Trésor sont ouverts dans les livres du Trésor pour retracer les dépenses et les recettes effectuées en dehors du budget de l’État par des services qui ne sont dotés ni de la personnalité juridique ni de l’autonomie financière.

Ainsi, l’intégration de ces comptes spéciaux du Trésor dans les programmes budgétaires ne peut que renforcer la transparence et l’efficacité des finances publiques. En centralisant ces comptes, il devient plus facile de suivre et d’auditer les flux financiers, réduisant ainsi les risques de mauvaise gouvernance et de corruption. Cependant, pour assurer le succès de la gestion des comptes spéciaux, il est crucial de surmonter certains défis notamment :  le renforcement des capacités des agents publics afin de s’assurer que tous les acteurs impliqués dans le processus comprennent les enjeux de l’introduction des comptes spéciaux du trésor dans la loi de Finances 2025. Ce renforcement aura aussi pour but d’éviter les éventuelles résistances au changement au sein de l’Administration. Il faudrait aussi favoriser la mise en place d’un système de suivi efficace grâce à l’usage de technologies avancées pour un suivi en temps réel des transactions limitant ainsi les dérives et les erreurs dans allocation des ressources.

2. Augmentation des recettes fiscales sans impact négatif

L’objectif d’augmenter les recettes fiscales à 15,4 % du PIB est ambitieux. À votre avis, quelles mesures concrètes pourraient être mises en place pour atteindre cet objectif sans alourdir la charge fiscale des ménages et des entreprises ?

Au regard du contexte économique actuel, je n’emploierai pas le terme ambitieux quand on sait que le seuil communautaire de convergence recommande 20% du PIB. Il faut le rappeler, la consolidation budgétaire repose principalement sur la hausse des recettes fiscales conformément au programme avec le FMI qui prévoit une croissance de 12,8 % du PIB en 2022 à 15,9 % d’ici 2026. Si l’Etat envisage d’adopter cette stratégie, sans pour autant alourdir la charge fiscale des ménages et des entreprises, plusieurs mesures peuvent être envisagées au nombre desquelles :

  • l’élargissement de l’assiette fiscale, visant à renforcer les capacités de mobilisation de l’impôt et à améliorer le recensement des contributeurs.
  • le renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale grâce à l’usage de technologies avancées permettant de détecter et prévenir les fraudes fiscales.
  • l’optimisation des exonérations fiscales afin de réévaluer les dispositifs d’exonération et les niches fiscales en s’assurant qu’ils sont justifiés et bénéfiques pour l’économie.
  • l’amélioration de l’efficacité de l’administration fiscale par la simplification des procédures fiscales et le renforcement  des capacités des agents fiscaux.

3. Cadre de performance pour évaluer les dépenses publiques

Le cadre de performance pour évaluer les dépenses publiques est une nouvelle initiative. Quels impacts positifs cela pourrait-il avoir sur la gestion des fonds publics ? Quelles précautions faudrait-il prendre pour garantir son efficacité ?

Les perspectives économiques sont jugées favorables, si l’on en croit toutes les tendances et chiffres observés, tant au plan national qu’au niveau international. L’introduction d’un cadre de performance pour évaluer les dépenses publiques serait la bienvenue pour favoriser une croissance continue, forte et résiliente, à condition que les autorités ivoiriennes poursuivent sur leur lancée, tout en maintenant les standards d’une gouvernance financière stricte et transparente. Cela ne pourra produire que des effets positifs dans la mesure où cette initiative pourrait entraîner un triptyque de conséquence à savoir :

Une amélioration de l’efficacité des dépenses. Ainsi, en évaluant les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés, il est possible d’optimiser l’utilisation des ressources. Ensuite, il y aurait une reddition de comptes accrue. Les gestionnaires de fonds publics seront plus responsables de leurs actions et décisions.

Enfin, une transparence renforcée pourrait permettre aux citoyens et aux parties prenantes d’avoir une meilleure visibilité sur l’utilisation des fonds publics.

Et pour garantir l’efficacité de ce cadre, il est essentiel de mener entre autres les actions suivantes :

  • Définir des indicateurs de performance clairs et mesurables,
  • Assurer une collecte de données fiables et régulières,
  • Former les agents publics à l’utilisation de ce cadre,
  • Mettre en place des mécanismes indépendants de suivi et d’évaluation.

4. Financement durable pour le développement

Avec les besoins croissants en financement pour les infrastructures et les services sociaux, quelles stratégies recommanderiez-vous pour mobiliser des fonds publics et privés de manière durable et efficace ?

La mobilisation des fonds de manière durable et efficace passe avant tout par l’assainissement du climat des affaires et la mise en application des réformes visant à améliorer la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux. Il convient également de favoriser une gestion active de la dette publique couplée au renforcement des capacités dans ce domaine.

A côté de cela, il existe des schémas classiques de mobilisation de fonds au niveau international, de façon durable, notamment :

  • Les Partenariats public-privé (PPP) afin d’encourager les collaborations entre le secteur public et le secteur privé pour financer les projets d’infrastructure ;
  • Les Obligations vertes et sociales, permettant d’émettre des obligations spécifiques pour financer des projets durables et sociaux ;
  • L’amélioration de la gestion des ressources naturelles, afin d’optimiser leur exploitation et de générer ainsi des revenus supplémentaires ;
  • Le renforcement de la coopération internationale, en vue de solliciter l’aide et les investissements étrangers pour financer les projets de développement ;
  • La notation financière des organismes publics, pour donner du crédit à la vitalité de la gouvernance publique.

Voilà entre autres quelques pistes de solution non exhaustives qui s’offrent à notre Etat pour un financement durable pour le développement.