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Au soir du 25 octobre 2025, la Côte d’Ivoire plurielle élira un nouveau président de la République. Depuis l’ouverture officielle de la campagne, le 10 octobre 2025, les Ivoiriens s’imprègnent progressivement des programmes de gouvernance des différents candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Ils présentent des profils variés et des styles singuliers.

Tous à l’assaut du candidat du RHDP

Dans les urnes, le samedi 25 octobre, Alassane Ouattara, le président sortant qui brigue un autre mandat fort probablement le dernier, sera aux prises avec quatre (4) opposants : l’ex-première dame Simone Ehivet Gbagbo, Ahoua Don Mello, Henriette Lagou Adjoua et Jean-Louis Billon.

Cette élection, il ne faut pas l’occulter, intervient dans un contexte où les principaux cadors de l’opposition ont vu leurs candidatures retoquées. Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, Tidjane Thiam, président du PDCI, et Pascal Affi N’Guessan sont forclos. Toutefois, ils n’acceptent pas cet état de fait et entendent se battre contre ce qu’ils qualifient de « forfaiture ».

En attendant, l’espace est occupé par les candidats retenus qui, face aux électeurs, promeuvent leurs atouts et leurs programmes. À l’aune des différentes offres, ce sont plusieurs visions de la Côte d’Ivoire qui s’entrechoquent.

Alassane Ouattara, grand favori, veut bâtir une grande nation

Au pouvoir depuis 2011, Alassane Ouattara peut se targuer d’avoir permis à la Côte d’Ivoire de faire des bonds en avant durant quinze (15) ans. Il se pose en défenseur de la prospérité, de la paix et de la sécurité du pays.

Âgé de 83 ans, il propose pour le quinquennat 2025-2030 un programme articulé autour de six axes :

  1. La paix, la sécurité et la stabilité, socle du développement ;
  2. Le capital humain, pour investir dans les talents ivoiriens ;
  3. Les infrastructures et pôles économiques régionaux ;
  4. Une agriculture moderne et intégrée dans les chaînes de valeur ;
  5. L’industrialisation, l’innovation et le dynamisme du secteur privé ;
  6. La bonne gouvernance et une administration performante.

Ses soutiens voient en lui une figure rassurante, symbole de la stabilité retrouvée du pays après deux décennies de troubles, ainsi qu’un bâtisseur ayant largement modernisé la Côte d’Ivoire. Routes, ponts, centres de santé et infrastructures de premier plan sont à mettre à son actif.

Cependant, ses détracteurs soulignent les inégalités persistantes malgré la forte croissance et dénoncent un jeu politique verrouillé. Sa nouvelle candidature a également ravivé la polémique sur la limitation des mandats présidentiels, en théorie fixée à deux consécutifs.

Ahoua Don Mello pour la souveraineté et le panafricanisme

Porteur d’un programme en quarante-deux (42) points, Ahoua Don Mello croit dur comme fer en l’alternance et en la puissance des urnes. Son programme de société, centré sur le triptyque souveraineté, panafricanisme et démocratie, entend marquer la rupture.

« Nous avons décidé de nous battre pour la souveraineté. La souveraineté économique est le fondement de la création d’emplois. La souveraineté est le pilier de tout développement. La vie est chère parce que la richesse créée en Côte d’Ivoire ne nous appartient pas », a-t-il lancé lors du lancement de sa campagne.

Chantre du panafricanisme, il milite pour la souveraineté nationale, s’oppose à ce qu’il décrit comme le néocolonialisme des multinationales occidentales et prône un rapprochement politique avec les États de l’Alliance du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger).

Son programme, qui apparaît comme une version actualisée et réformée de la « Refondation », promet de s’attaquer aux problèmes quotidiens des Ivoiriens. Peu connu du grand public, Ahoua Don Mello n’en demeure pas moins un visage important de la galaxie Gbagbo. Compagnon de longue date de l’ancien président, il était considéré comme l’un de ses plus fidèles soutiens jusqu’à l’annonce de sa candidature, fin juillet, contre l’avis du PPA-CI, dont il était vice-président. Il avait alors parlé d’une « candidature de précaution ». Proche du Kremlin et installé un temps à Moscou, il officie depuis 2021 comme conseiller spécial du patronat russe chargé des investissements en Afrique. En 2023, il a été nommé vice-président de l’Alliance internationale des BRICS, chargé des projets stratégiques.

Simone Ehivet Gbagbo veut réformer l’économie

Figure politique bien connue de ses compatriotes et opposante historique, Simone Ehivet Gbagbo trace désormais sa propre route. L’ex-première dame concourt pour la première fois à la fonction suprême, à la tête de sa formation politique, le Mouvement des Générations Capables (MGC).

Elle propose un programme axé sur la souveraineté productive, la modernisation agricole et l’industrialisation nationale. Elle prône « une économie prospère, basée sur des piliers maîtrisés ». Sa vision repose sur la mécanisation de l’agriculture, moteur historique de l’économie ivoirienne, avec un appui particulier à la petite agriculture paysanne, levier de sécurité alimentaire et d’inclusion sociale.

Simone Gbagbo met également l’accent sur la garantie de la sécurité foncière pour les jeunes et les femmes, la promotion de l’entrepreneuriat, la simplification administrative, le soutien à l’innovation et la création d’emplois décents.

Sans tambour ni trompette, elle parcourt le pays pour transmettre ses idéaux. Dans une gauche fragmentée, et au regard des dissensions avec le PPA-CI, beaucoup d’observateurs estiment que la route sera semée d’embûches.

Henriette Lagou, candidate centriste pour la paix et la réconciliation

Autre visage féminin de cette course à la présidentielle, Henriette Lagou Adjoua peut se targuer d’une solide expérience politique. Experte en gestion publique, elle concourt sous la bannière d’une coalition centriste, le Groupement des Partenaires Politiques pour la Paix (GP-PAIX), axée sur la réconciliation nationale et la stabilité du pays.

Le lundi 13 octobre 2025, à Daoukro, lors du lancement de sa campagne, Henriette Lagou a dévoilé son programme de société, dit « centriste de développement », basé sur quatre piliers et douze axes stratégiques :

« Notre projet centriste de développement repose sur quatre piliers : une paix durable et une réconciliation sincère, une économie inclusive et équitable, la Côte d’Ivoire des valeurs et une diaspora pleinement intégrée », a déclaré la candidate du GP-PAIX.

Il s’agit de sa deuxième campagne présidentielle. Candidate en 2015, elle avait été créditée de 0,89 % des voix. Pour nombre d’Ivoiriens, Henriette Lagou souffre d’un manque de constance et de régularité sur la scène politique, ce qui la décrédibilise auprès d’une partie de l’opinion.

Jean-Louis Billon appelle à oser le changement

Homme d’affaires reconnu, héritier et dirigeant d’un grand groupe industriel produisant du caoutchouc, du sucre de canne et de l’huile de palme, Jean-Louis Billon est le candidat du Congrès Démocratique (CODE).

« Je veux faire de la Côte d’Ivoire un pays économiquement fort et fonder la croissance sur l’investissement privé. Cela permettra à chaque Ivoirien d’améliorer son pouvoir d’achat, de réduire le chômage et de faire face à la cherté de la vie. Cela passe par un capital humain de qualité, le développement durable et une bonne gouvernance démocratique et économique. Le pilier central de mon programme, c’est l’union, la paix, la réconciliation et la sécurité », a-t-il indiqué.

Il précise également vouloir faire de la « préférence nationale » un principe clé de sa gouvernance. Jean-Louis Billon affirme incarner une nouvelle génération qui veut gouverner autrement, d’où son slogan : « Osons le changement. »


✍️ Joël Rabbi

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